Type de document : Original Article
Auteurs
1 Ecrivain et artiste
2 Traductrice
Résumé
La Rose d’Ispahan, connue dans le monde entier pour ses pétales parfumés et sa couleur rose, appartient à une famille de roses qu’on l’appelle Rose de Damas. Le nom de cette rose au souvenir des années prospères de l’industrie de production d’eau de rose provenant de Qamsar et Kashan, situés dans la province d’Ispahan. De ce fait, l’on peut affirmer que ce genre de rose reflète en soi une partie de l’histoire iranienne. Dans le passé, on a aussi nommé cette fleur « Dahlia des Shéhérazades» ; elle se diffusa du Moyen-Orient vers l’Europe au cours du XIIIe siècle en appor- tant avec elle son histoire orientale. Cependant, entre le XIIIe siècle et la première moitié du XIVe siècle, cette fleur et son nom n’ont pas eu beaucoup d’écho dans les textes littéraires du monde occidental.
Si l’on retrace l’histoire de ceux qui se firent les passeurs de la culture perse, il convient de faire une place particu- lière au voyageur et écrivain Jean Chardin. Né le 16 novembre 1643, il voyagea pour la première fois en Perse alors qu’il n’était âgé que de 22 ans. Il reprit ses voyages quelques années plus tard et s’installa à Ispahan entre les années 1673 et 1677. Sa présence dans cette ville coïncidait avec la période où les Safavides y régnaient brillamment, pendant le règne de Shah Abbas II. Le XVIIe siècle fut pour l’Iran une époque remarquable en matière de modernisation de l’architecture, du réseau routier et de l’urbanisme. Au surplus, pendant cette même période, le développement extraor- dinaire de la langue persane lui valut la gloire. Le persan était alors la langue officielle de l’empire Perse et celle des rois moghols en Inde. Même si le persan avait jadis influencé la langue de plusieurs peuples d’Asie, son officialisation au sein de l’Empire moghol a bel et bien servi la culture persane qui allait par la suite s’étendre jusqu’en Inde. Chardin voyage en Perse au cours de cette époque éclatante et fut assurément fasciné par la littérature de l’empire car la langue persane constitue le fil d’or de cet immense tissu culturel. Chardin ne cesse d’admirer cette littérature partout où il en trouve traces, sur la cheminée d’une maison ou sur les murs de la ville.