Type de document : Original Article
Auteurs
1 Poète et traducteur
2 Traducteur
Résumé
Au cours de nos retrouvailles informelles le professeur Gilbert Lazard me fait découvrir un de ses articles intitulé « Traduire la poésie » dans lequel il procède à une mise en regard de deux exercices de traduction poétique, l’un consacré à Omar Khayyam et l’autre à Hafez de Chiraz.
Gilbert Lazard part dans son article d’une idée généralement admise qui veut que « la poésie ne se traduit pas ». Afin de l’éprouver, il entreprendra de traduire un quatrain de Khayyam et un ghazal (poème lyrique) de Hafez sur le mode poétique. Il en déduira que si la « poésie légère » de Khayyam est susceptible, dans le passage au français, de garder « une partie de sa qualité poétique », celle de Hafez, par contre, « très savante », conduit vers un « échec ».L’auteur de l’article apporte un élément de réflexion – essentiel à intégrer – avant d’entreprendre sa démonstration : « La traduction est-elle une science ou un art ? » Il tranchera peu après : « La traduction est un art aux résultats aléatoires ». Un principe auquel je ne peux qu’adhérer. En effet, la poésie étant elle-même un art, relevant de la sen- sibilité humaine et non de règles mathématiques, la traduction poétique ne saurait être le fruit de calculs uniquement et de mesures relevant de quelque logique savante. La traduction suppose une véritable familiarité avec la langue de « destination » dans laquelle on va reporter le texte « d’origine ». Et il n’est rien de plus vivant et de plus mouvant qu’une langue à travers le temps et l’espace - qu’aucune règle ne saurait assujettir. Gilbert Lazard ajoute en début d’article que tous les mots, « sauf rares exceptions dans les vocabulaires techs- niques », sont « polysémiques ». Autrement dit ils prennent, « dans des contextes différents, des sens différents ». Et de résumer : « le signifié d’un mot d’une langue, c’est-à-dire l’ensemble de ses sens, n’est jamais identique au signifié d’un mot d’une autre langue. » Tout se joue donc selon une certaine marge d’approximation pour restituer le sens et l’effet d’origine dans la langue d’arrivée.