Une publication périodique

Type de document : Original Article

Auteurs

1 Linguiste et Iranologue français

2 Poète et traducteur

Résumé

Il y a bien longtemps de cela j’ai soutenu ma thèse de littérature persane. C’était à Paris, en décembre 1982 à l’université de la Sorbonne. La cérémonie s’était déroulée dans une des salles imposantes de cet édifice avec comme jury des noms prestigieux ayant marqué le destin des études iraniennes. Mon directeur de thèse, Gilbert Lazard, y découvrait le résultat de mes laborieuses recherches consacrées au « Mythe du forgeron » dans le Livre des rois de Ferdowsi. A ses côtés avaient pris place MM. Charles-Henri de Fouchécour et Angelo Michele Piemontese. Tous deux comptant également parmi les grands noms mondialement connus de l’Iranologie. Une fois ma thèse soutenue et mon diplôme en poche, il ne me restait plus qu’à rentrer en Iran pour occuper un poste de professeur de lettres à l’université. Mais je considérais alors que je n’avais pas rempli en France toute la mission à laquelle je me destinais. Aussi, malgré des difficultés de tous ordres, je tins bon, contre vents et marées, préférant la précarité qui est le lot de l’étranger aux ressources modestes au confort que l’on retrouve une fois de retour au pays parmi les siens.




Bien des années passèrent. Une vie ! Trente cinq ans à travailler, durement parfois. Des années à s’escrimer aussi contre la culture française pour en maîtriser toutes les subtilités, pour en surmonter toute la complexité. Je voyageais en France comme à l’étranger ayant fait du journalisme un gagne pain et un moyen de voir le monde. Jusqu’à ce qu’un jour, étrangement, le hasard ramena mes pas vers mon professeur à la retraite depuis quelques années. Par un étrange concours de circonstances je fus propulsé au devant d’un événement organisé par la plus presti- gieuse institution culturelle de l’Iran en faveur de ce dernier. En effet, la Fondation Mahmoud Afshar Yazdi, qui récom- pense chaque année un acteur illustre de la promotion de la culture persane à travers le monde, avait choisi cette année-là de distinguer Gilbert Lazard pour bons et loyaux services rendus au patrimoine persan.