Type de document : Original Article
Auteurs
1 Chercheur en histoire de l’art et de la littérature
2 Traducteur
Résumé
Daryush Shayegan se considère comme un libre penseur. « Libre » est un vocable qui, du moins dans le domaine de la pensée, ne comporte pas un sens précis. Mais, très probablement, dans son esprit, il était question d’un penseur ne présentant aucun lien de dépendance avec aucune des écoles de philosophie ou d’idéologie politique et toujours disposé à critiquer ses propres opinions et à les revoir. Si tel est le cas il a été sincère. Shayegan ne dépendait d’aucune doctrine politique de son époque. Il a souvent revu ses réflexions et a vécu, durant ces dernières décennies, des transformations majeures. Malgré cela, il a toujours évolué dans un sens donné : celui d’une conduite affirmée dans le domaine culturel. C’est peut-être la raison pour laquelle il fut considéré comme le « philosophe de la culture » et ceci a été son point fort et le foyer de la réflexion fluide de Shayegan. Cette propension culturelle lui a toujours permis de se prémunir contre le dogmatisme philosophique et les spéculations intellectuelles. Mais ce point fort a constitué également son point faible. Le rôle que Shayegan se prédestinait à savoir le statut de sage éclairé et non d’intellectuel – l’a placé dans une situation difficile et paradoxale qui a contribué à rendre confuses, ambiguës et parfois même poétiques nombre de ses réflexions et de se ses prises de position, en particulier lors de la première étape de son itiné- raire de penseur. Il s’est toujours positionné quelque part entre tradition et modernité, Orient et Occident, mythe et réalité, intellectuel et sage, esprit de négation et argumentation. Il aimait être, de temps à autre, durant le bref répit de l’existence, le contemplateur des jardins de ce monde. Mais son époque fut une époque éprouvante. Selon ses propres dires, le destin historique de son pays était sorti de la trajectoire de l’histoire et, en quête d’un retour sur lui-même, il ne cessait de rôder autour de sa propre entité.